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EXPERT TALK

Quand un concessionnaire vend ses concessions...

DATE DE L'INTERVIEW
8.9.2022
NOM DE L'EXPERT
Stéphane Sertang
ROLE
Owner
SOCIÉTÉ
Ginion Group
Série spéciale

Pour la deuxième interview de notre série, nous avons échangé avec Stéphane Sertang, Owner de Ginion Group. Fort de 56 ans d’expérience, Ginion Group est un groupe automobile familial belge, devenu un acteur majeur de l'importation et de la distribution de voitures et de motos de luxe en Belgique. 

Ginion Group, fondé par le beau-père de Stéphane Sertang, a commencé comme distributeur d’essence et de la marque BMW. Le groupe est repris par Stéphane Sertang en 1998 qui développe son activité en agrandissant le portefeuille de marques (Volvo, Rolls-Royce, Ferrari, Mini, BMW Motorrad, McLaren et Pinifarina) et la couverture géographique. Il est passionné d’automobile en tant qu’objet mais aussi comme moyen de mobilité et d'innovation humaine. 

Le groupe a récemment vendu une partie de ses concessions automobiles pour permettre le lancement d'activités plus durables à travers la mobilité et les projets immobiliers.

1. Une question que nous posons à tous nos experts dans cette série : quelles sont les principales tendances que vous observez dans le secteur de la mobilité ?

Lors d’un voyage aux Etats-Unis dans les années 2010, je me suis rendu compte que les tendances du marché automobile allaient évoluer avec l’arrivée de la vente sur internet et du smartphone. 

Je vois donc 4 tendances importantes dans le secteur de la mobilité :

  1. Notre prise de conscience de l'impact écologique de la surconsommation sur l'environnement. On en parlait déjà aux Etats-Unis en 2005 et suite à la crise de 2007, la notion "d’éco-économie" est aussi apparue. Et ce sont deux éléments qui devaient être intégrés par l’industrie automobile. 
  1. La notion de car sharing, qui est de partager quelque chose au lieu d’être propriétaire. On est prêt à renoncer à la propriété d’un véhicule pour se décharger des contraintes qui y sont liées.
  1. La puissance de l'intelligence artificielle. Avant 2010, il était utopique de penser qu'une voiture pourrait un jour se conduire toute seule. 
  1. L'électrification, surtout au niveau des villes. La voiture électrique en ville pollue moins et si on ajoute cette tendance aux 3 autres, on se dirige vers une économie et une société plus vertueuse et responsable. 

Je pense aussi, que la fiscalité belge peut être parfois perçue comme un frein, mais c’est aussi un levier de changement. La Belgique a toujours été précurseur sur les questions de mobilité et on a vraiment une flexibilité d’esprit sur ces sujets. Dans certains pays, on commence tout juste à parler de leasing alors qu’en Belgique on a déjà l’habitude de ne pas posséder notre voiture. 

Enfin au niveau européen, les normes ESG accélèrent la verdurisation des parcs automobiles et forcent les entreprises à se poser des questions. 

2. Qu'est-ce qui a déclenché la décision de vendre vos concessions automobiles ? 

J’aime mon métier et j’ai toujours été curieux de savoir comment il allait évoluer ainsi que le secteur de la mobilité. 

Lors de mes voyages aux Etats-Unis, à Dubaï et en Chine, j’ai participé à des séminaires. Et un jour lors d’un séminaire, quelqu’un m’a dit que ‘mon métier de concessionnaire était mort’ mais qu’il fallait le voir comme une opportunité. Et que j’avais autant de chance en tant que distributeur automobile de devenir un fournisseur en mobilité qu’un constructeur automobile. 

J’en ai discuté avec mes collaborateurs et on s’est dit qu’il y avait quelque chose à faire dans l’écosystème belge où la voiture de société est importante. On a ainsi lancé Ginion Mobility Solutions pour développer un système multimodal qui propose une mobilité adéquate à chacun. 

Il vaut mieux être leader dans le changement et on a été l’un des premiers groupes automobiles à avoir entamé ce virage. 

3. Quelles étapes avez-vous dû franchir pour passer de la vente de voitures à celle de la mobilité ?

En tant que concessionnaire automobile, on a toujours été entre deux mondes et il a donc fallu scinder les activités du groupe en deux axes afin de créer Ginion Mobility Solutions. D’un côté, le groupe se concentre sur ses activités automobiles de loisirs, de l’autre, Ginion Group travaille au développement de solutions innovantes afin que chacun puisse accéder à une vie de qualité responsable.

Il fallait que le groupe soit plus neutre et impartial pour répondre aux besoins de nos clients et cela m’a donc paru évident de me séparer de nos marques, pour être plus indépendant et dégager des fonds pour investir dans nos nouveaux services. 

Le groupe a maintenant plusieurs pôles:

  • Un pôle immobilier: l'urbanisation a créé beaucoup de problèmes, en particulier dans les zones rurales avec l’écoulement de l’eau. A notre échelle, on finance des projets de réhabilitation de zones existantes qui répondent aux besoins de la communauté d’une ville ou d’un village.  
  • Un pôle énergie qui revient aux racines du groupe, où au lieu de distribuer de l’essence, on fabrique, distribue et gère la maintenance de bornes de recharge électrique.   
  • Un pôle mobilité, où l’on accompagne les entreprises dans leur transformation de parc automobile et leur ‘car policy’. C’est souvent plus facile de demander à une personne externe à l’entreprise de faire ces changements.  
  • Un pôle automobile de loisirs: c’est important pour nous d’honorer nos racines et ainsi de rester actif dans l’automobile de loisir qui représente pour nous bien plus qu’une simple passion. Il permet aussi de préserver un patrimoine culturel à travers les voitures classiques.

Et le plus important pour moi, c’est l’aventure humaine et c’est pour cela que j’ai toujours mis l’ingrédient humain au cœur du groupe. 

4. Quels ont été les principaux défis auxquels vous avez dû relever pendant cette transition ?

Le défi principal a été un défi humain parce qu’arrêter ce qu’on a construit en 20 ans ce n’est pas évident. On a dû cesser nos partenariats avec les marques et j’ai dû convaincre mes collaborateurs, mes partenaires, les constructeurs, etc. que mon choix était le bon. Mais plus j’avançais, plus j’étais convaincu que j’avais la bonne taille pour le faire et que c’était la bonne décision à prendre. 

Malheureusement, je ne pouvais pas continuer avec tout le monde avec la cession de certaines activités et dire au revoir à mes collaborateurs a été difficile. 

Mais j’ai aussi attiré d’autres talents comme des consultants qui ont rejoint le projet parce qu’ils croient vraiment en notre offre de mobilité. 

5. Quels conseils donneriez-vous à d'autres concessionnaires automobiles qui souhaitent développer de nouveaux services ?

De croire en leur force. J’ai la conviction que quand on est passionné par un métier ou un projet, on peut y arriver.

Il faut aussi s’entourer des bons partenaires et créer un vrai esprit d’équipe. Et parfois les talents dont on a besoin pour ces nouveaux services ne viennent pas forcément du secteur automobile. 

Et enfin de ne pas avoir peur de changer d’image de marque. A l’heure actuelle, quand on prend l’avion, on ne regarde pas la marque de l’avion mais la réputation de la compagnie aérienne. On m’a déjà dit que je ne serais plus ‘BMW’ mais l’image du groupe nous donne une crédibilité dans le secteur de la mobilité. 

Enfin, je trouve qu’il y a une dynamique dans le marché BeLux et que le secteur des concessions automobiles avance et innove. Par exemple, avec D’Ieteren on partage la même vision sur des projets de mobilités. Je suis optimiste sur l’avenir du secteur et à notre échelle on peut influencer les autres pays européens.

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